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fetes, covid, l'annee

2020. Cela aura été assurément une drôle d'année - une drôle de guerre ? -. Non, je ne saurai reprendre le terme de notre président.
2020 aura été l'occasion de se repositionner, sur les projets, les priorités.
Les expositions, les salons annulés, cela interroge. Faire quoi, comment ?
Alors que je m'imaginais déjà princesse (ok, reine) d'un chateau*, j'ai décidé d'aller au contact des terriennes - ces paysâmes.
Et de faire une campagne, celle d'un financement participatif. Challenge relevé, merci.
Oui, il est possible d'être soutenue pour produire (bien, beau, responsable ?) des livres. Car la question de pose : est-ce vraiment d'une ambition - folle ? - que de vouloir faire des livres, alors que le milieu de l'édition est en plein marasme** ? Sont-ce des rêves que de vouloir éditer des livres [nature, art, poésie, humain.e] ?
On ne financera pas vos rêves, Madame.
Il y a peu, j'ai eu le droit à un : "on ne financera pas vos rêves !".
Un des ces mots qui piquent, qui anéantissent, qui sidèrent.
"On ne financera pas vos rêves !".
C'était Mme la conseillère départementale qui s'exprimait ainsi, concluant un échange à 4 (à charge) contre une - merci démocratie.
La citoyenne que je suis venais expliquer son parcours, ses déboires d'ex-RMIste (m... j'avais eu la bonne idée d'être à mon compte pendant 10 ans), artiste - re-bénéficiaire en cet été 2020 des minimas sociaux (effet covid).
Peut-être suis-je un peu "con-con" - j'ai des principes - : je me suis refusée à cocher la case "demandeur d'emploi / sans activité" dans les formulaires administratifs. Et de me faire convoquer. Et sanctionner***. "Faut cocher".
J'ai entendu comme un air connu, grinçant : "faut bosser", Madame, "à un truc sérieux", s'entend. A l'usine - on est dans le bassin d'or de l'agri-agro qui tourne à plein. Ou alors faut "quitter le territoire" (M. Directeur Pôle Emploi a parlé - le doigt sur la couture du pantalon).
J'ai été anéantie. Je reste outrée et indignée.
Indignée de considérer la place de l'artiste car - disons-le - dans le même temps, la collectivité le sollicite souvent, l'artiste. Bénévolement. "Pas de moyens".
Indignée de constater les perspectives dessinées pour nos jeunes, les publics fragiles/fragilisés : mettre du cochon en barquette dans des usines, en 3x8. Pas de jugement sur le métier mais écoeurement à voir des élus se gargariser devant un "plein-emploi" lié à un système mortifère.
Indignée de réaliser que ces bien-pensants invitent à quitter leur territoire celles et ceux qui en constituent une partie des forces vives. Peu importe donc l'enracinement, les familles. C'est dire la place de l'humain.e.
Alors, on fait quoi ? Comment ?
Plus que jamais, je vais bosser à attraper mon rêve : oh, oui, une maison d'édition "éthique" [...].
Portez-vous bien. Le temps nous le rappelle. Pensées à celle qui a mis les voiles pour toujours, trop vite, sans un mot, il y a quelques jours. Nous rappelant, nous hurlant "faut s'aimer". "Faut vivre". Vivons donc.
Johanne
* une exposition étaient prévue au chateau de Tronjoly, report pour 2021
** question posée par Michel Philippot dans son émission sur Bretagne 5
***suspension de la moitié du RSA jusque "régularisation". 200 €/mois

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