· 

mes mains

(texte publié sur facebook suite à la remise du prix Blaise Cendrars)

 

Cher toi, chère vous, chers tous,

Je tenais à vous remercier sincèrement pour toutes vos félicitations. Cela me touche vraiment beaucoup et la fille qui pleurait jamais pleure beaucoup avec les émotions.
Bref.
Je voulais et ferai un jour une video sympa (je l'espère) autour de ce texte mais d'ici là, parce que je n'en ai pas le temps, je vous livre ce texte qui m'a valu ce premier prix.


°°°°

Mes mains
Mes mains. Je les regarde.
Marquées par le temps. Leurs temps.
Les caresses. Les cris. Les peurs.

Mes mains.
Elles ont aimé. Elles ont caressé.
Elles n’ont pas été assez été serrées. Par le père. Le papa. Pas eu de mains serrées.
Elles ont manqué d’amour. Si, des mains peuvent manquer d’amour.

Mes mains
Mes mains de petite fille. Elles ont joué. Tamisé le sable, laissé couler le temps. Elles ont ri, ces mains. Elles ont jouée. Elles ont touché, fébriles, la peau rosée des animaux tout juste nés.

Mes petites mains de petite fille.

Roses et tendres.
Et elles se sont endurcies.
Elles ont plongé, dans l’eau trop chaude des bassines. Elles ont pelé, desquamé.

Et puis. Elles ont aimé. Elles ont caressé ta peau, celle de ton corps encore adolescent. Elles ont découvert nos peaux, nos muqueuses. Elles ont caressé tous tes recoins, avec passion, avec sagesse, avec pudeur.

Mes mains.

Et puis.

Mes mains.

Elles t’ont senti, toi, ton crâne, quand entre mes jambes tu arrivais à ce monde. J’ai pleuré. Mes mains te découvraient, mon cœur explosait, mes yeux pleuraient.

Mes mains.

Elles ont été tachées de terre. Elles se sont crevassées. Elles ont ri et pleuré. Ri de ces contacts terreux, vermisseux. Elles ont pleuré : brulées, consumées. Elles ont été frigorifiées. Elles ont été galées. Crevassées.
Elles ont gonflé, se sont musclées : à boulanger, à façonner. A nourrir les autres, et moi.
Mes mains ont pris 2 tours de bague et tu ne m’as jamais passé la bague au doigt.

Mes mains. Elles sont un peu devenues comme celles de mémé, fortes. Des mains de travailleuse, de faiseuse.

Mes mains.
Mes mains.
Mes mains.

Je les regarde.
Elles se tâchent. Comme des tâches de soleil disparu englouti dessiné sur ma peau qui a brûlé de soleil en plantant, en déshabillant.

Mes mains. Elles vieillissent.
Et elles sont prêtes à donner. A donner. A offrir. A caresser. A aimer. Encore.

Johanne 12 octobre 2021


 


Écrire commentaire

Commentaires: 0