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Manu - extrait

Il est des souvenirs qui restent un peu pour toujours.

 

Cette photo - sur mon site dans la galerie photo, d'ailleurs (elle doit dater de 2016) - est l'une de celles qui comptent dans ma carrière de photographe, si l'on peut dire même.

Je crois que c'est là l'un de mes premiers montages et découpage photo, un retour au noir et blanc alors.

Ce moment ? incroyable. A ecouter s'envoler les notes de musique qui font ploc ploc sur le plastique de la serre.

François Deguser au piano, la môme tourbillonne.

 

On est chez Manu. Oui, dans sa serre-maison.

Manu. J'avais envie de parler de lui dans Paysômes, le livre à venir, clui qui raconte des hommes qui ont épousé la Terre.

Lui ne l'est plus. IL l'a été longtemps. Et je crois que l type vaut d'être raconté.

Bref. En amatrice de textes chantés, parce que tout le monde connaît le Manu de Renaud, que le texte est si touchant, j'ai eu envie à mon tour de raconter "mon" Manu. 

Extrait.

 

[...]

Toi, tu es un conteur,

Toi, Manu, aux yeux clairs voilés parfois, comme ceux qui ont vécu et qu’ont pas toujours rigolé, tu fais penser au clown triste.

Oui, toi le comédien tu étais maraîcher, oui, tu étais ce maraîcher dont j’avais entendu murmurer le prénom, il y a déjà si longtemps. C’est que vous n’étiez pas nombreux, vous qui faisiez autrement.

Manu.

Sous la pluie, tu m’as raconté à peu de mots ta vie d’avant, celle qui avait duré 30 ans.

30 ans dans les champs avec pour compagne la même femme.

Tu m’as raconté le paysan que tu avais été,

L’homme qui recevait le monde à défaut de bouger. Ceux qui sont passés par chez toi ont été des privilégiés : ils ont sûrement autant grandi qu’ils ont appris à faire grandir les légumes.

Tu m’as raconté, de ton grand regard clair, quand ta carcasse a calanché. Quand la terre est rentrée dans tes narines. Tu m’as raconté toi, couché, foudroyé, entre les rangs de poireaux et quelques coquelicots. 

Ton cœur avait lâché. Presque. Mais tu respirais, encore.

La Terre que tu cultivais n’était pas prête à t’accueillir pour toujours.

Manu.

Tu t’es relevé.

Mais faut écouter son cœur - il avait causé.

Il t’a fallu lever le pied – ton cœur avait trop morflé.

T’as décidé de revoir ta vie.

Tu as décidé de quitter ta femme. Elle a été d’accord. Votre histoire était finie. Vous êtes resté amis. Elle est trop courte pour se la pourrir, la vie. « On s’est fait un cadeau ! », m’as-tu dit.

[...]

 

 


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