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l'avant expo

 

Je ne sais pas si on peut partager ça, un moment de solitude. Mais c'est ce que je vais faire, que j'ai besoin de faire, pour raconter les dessous de ces expositions. Pour dire la vie d'artiste aussi ^^.

 

 

 

Vendredi. Là, le dernier. Accrochage d'expo. Tu te dis « je suis contente ». Ou plutôt « je devrais l'être » : un beau lieu (une chapelle), une sélection de quelques photos*, des oeuvres tout autour et plein d'artistes à rencontrer. Mais quelque part, le cœur n'y est pas.

 

 

 

C'est que pour cette exposition, la sélection retenue de mes photos me pose question : pas assez harmonieuse. Alors, certes, forcément, c'est un choix éclectique : du noir et blanc, de la couleur, etc. Reste que si j'aime individuellement toutes ces photos, mises COTE A COTE, ça manque d'harmonie, non ? ! Comment marier ces rouges nimbés d'orange soleil avec l'acidulé d'un vert printanier ? Comment marier ces lignes toutes droites et les courbes de cette toile ? … Agghh.

 

Et puis, les photos sont grand format : imprimées sur dibon (je me suis tentée à faire ce genre d'impression, pour « voir »), avec pas de système d'accroche fourni ET efficace. Re-Agggh (mais c'est quand qu'y font faire des trucs pratiques les ingénieurs ?).

 

Bref, j'y vais. J'improviserai. Pour ce faire, tintin : j'ai ma super-caisse. Ficelles, fil de fer, scotch, … pince, clous, et patati et patata… Bref. Tout ce qui va bien pour trouver une solution. En général.

 

Car là, pas le droit de voir les crochets. Pas le droit à des ficelles a fortiori. Et … Agggh.

 

 

 

Aidée par le personnel culturel et technique détaché à l'événement, on s'essaie à scotcher une ficelle derrière les photos. Et de 6 gros bouts de scotch collés ici et là, en travers, dessus, dessous, emprisonnant le fil (la grande classe quoi. Ca fait définitivement bricolage mais on va faire avec et puis, c'est vrai, ça ne se voit pas. Ca me console pas mais bon). Accrochage. Trop bas. Trop haut. Trop pas au milieu. OK. Ah :-) ! On accroche. Ah. Ficelle pas assez tendue. Décrochage. Petit nœud avec mes doigts vraiment gros dans ladite ficelle. Raccrochage. Et la photo à peine raccrochée, décrochage : cette fois-ci toute seule. Super. Son coin carré est un peu arrondi. Agggh.

 

Alors, comment faire ? Cogito ergo sum. […] Bricolo ergo sum. Je trouverai même si là, je l'avoue : j'suis tentée de repartir avec Mes 4 photos qui ne ressemblent à rien ENSEMBLE et qui ne veulent même pas tenir. Et puis, ces artiste qui s'impatientent.

 

Et puis hein ! Oh ! Je suis là, j'y reste. Je vais trouver. Non mais ! Je vais trouver, j'ai trouvé : on va faire des p'tits trous dans le mur support en bois et ficher un bout de fil de fer coupé et plié en L. OK ? (ouf, j'ai tout ce qui faut dans ma super caisse). « On verra pas grand chose ! Hein. Ca va aller ? » demande-je au technicien, priant des doigts et croisant la tête pour que ça le fasse. Ouf. Consentement. Ouuuuf. On a la solution. Allez, il perce, et je perce, et il perce et... je me perce la paume avec cette perfide mini-mèche (pensée à Jésus qui connut bien pire). Aïegghhhh (très intérieur). Bon. Ouf. Ca saigne. Pas trop.

 

 

Pas loin d'une heure plus tard, les 4 photos sont accrochées.

 

Je les regarde.

 

Dans ce lieu à la fois simple et grandiose, où il y a plein de choses sublimes, d'oeuvres élaborées, je les trouve banalement simples, mes photos. Trop. Manque un peu une âme je trouve à cet accrochage. Il aurait fallu permettre de déployer l'univers de chacun et le mien à moi, il est fait de ficelles, et de fantaisie je crois. Mon système pas très conventionnel d'accrochage me plaît : ça fait partie du tout quoi ! Bref.

 

 

 

Je regarde ces, mes 4 photos.

 

Là, un oeillet irisé d'eau, un petit matin frais. Promesse de printemps.

 

Ici, une grande berce, croisée au bord du Blavet. Il ne restera bientôt plus rien d'elle : ses graines s'en vont au vent. La berce finit d'onduler.

 

Ce cliché-là ? Un rozenn aër, tout provençal. C'était un soir de mai, dans un champ qui ressemblait à une œuvre de Monet. Ouah. Quelle impression j'ai eu alors ^^.

 

Et là, un « s-eau-toir » -, immortalisé un petit matin gris. J'avais couru au jardin, espérant voir quelques fantaisies perlières apparues pendant la nuit. Et « ouah ! », j'avais trouvé cette rangée de perles gris d'eau, dans lesquelles se répétait le violet du rhododendron.

 

 

 

4 photos. C'est rien. Et je me dis qu'elles représentent pourtant l'oeuvre de la création.

 

Et en quoi cela ne se suffirait pas ? 

 

 

 

* merci à Stephtout et à la Société des Artistes et Poètes de France pour leur accueil.merci aux personnes et aux techniciens pour leur sympathie et leur bienveillance.

 


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